mardi 27 novembre 2012

Au retour...

Bienvenue!!!
Au retour de cette dizaines de jours à Notre dame des landes et après deux nuits de merde à ressasser machinalement ces terribles affrontements, deux nuits de merdes à revoir et réentendre tout ces coups bas, ces visages terrifiés, ces marques sur le corps, ces barricadiers haineux et ces porcs de flics le constat et abjecte.

Comment avoir foi en la moindre institution étatique désormais? Déjà qu'en ce qui me concerne cela fait bien longtemps que je ne crois pas un traître mot de ce gigantesque broyeur de cerveau. A présent la haine atteint son paroxysme, et en lisant les dernières news et visionnant les vidéos du week-end j'ai comme un relent acide de lacrymo dans la gorge et une tenace envie gerber.

Je suis arrivé mercredi 14 en covoit', dans la voiture nous sommes quatre et trois d'entre nous montes à la ZaD, la quatrième aura quand à elle des sacs de vêtements chauds et des fonds destinés à soutenir la lutte; nous en ferons plus tard des courses de vivres types pâtes, riz, sucre, huile, bières, pinard... Je sympathise bien avec T. le conducteur et nous allons même passer plusieurs jours ensembles sur le site.  Arrivés la-bas (première fois pour moi que je rentre dans la Zad avec pour intention de rester quelques jours) je découvre un premier lieu (dont je tairais le nom des fois que...), espèce de centre de convergence des infos, cuisine collective, free-shop de sappes, médocs, sleeping, salle de réu... On vire bientôt vers le Rosier (une maison foutue dans le bocage, squat légendaire zadiste puisque le premier à avoir était occupé), pas mal de monde, bonne ambiance, les gens rappliques de partout... Ce soir moi et T. on dort dans le camion de potes à moi, pas mal, je m'endors assommé par la route et le vin.

Banderole près d'une chicane.
Le lendemain nous nous rendons à la sécherie brasser des caillasses pour construire un mur à l’extérieur qui servira en fait de bac de filtrage naturel des eaux usées, un exemple de la permaculture écolo qui fleurissent ici sur la Zad. La journée ce passe dans la bonne humeur, ça bricole de partout, je retrouve pas mal de potes de partout, on est vraiment beaucoup. Et pendant ce temps la des chapiteau ce monte dans différents lieux en préparation de l'arrivée massive de gens prévus pour ce week à la manif' du 17 et également pour tout les opposants qui souhaite venir s'installer temporairement sur la ZAd pour soutenir la lutte. Ce soir là je m'endors dans un sleeping dans un champ prés du rosier... Des cuisines de partout viennent s'installer, notamment les belges de Coquerel et l'équipe de l'embarquement.

Le groupe qui accompagne le découpage de l'asphalte.
Aujourd'hui les gens arrivent encore plus nombreux, J. et son équipe sont là, ils vont construire une cabane samedi car l'idée et d'aller occupé une clairière qu'un habitant du bocage met à disposition des opposants. Je ne me souviens pas exactement de ce que j'ai fait ces jours là. Beaucoup de choses en fait, notamment repérer les lieux, creuser des ornières gigantesques dans la routes et monter des barricades immenses et plus vicieuses les unes que le autres. Scène d'ailleurs totalement folles quand lorsque nous creusions la route un groupe (genre post hardcore destructuré avec un chant scandé type spoken word) ce met à jouer entre l'ornière et la barricade grandissante sous le soleil tombant sur le bocage. On sue, on en chie, on frappe fort, la musique est forte, la pression grandissante, c'était si beau...










Camion de matos pour les nouvelles cabanes.


Passons à la manif' du samedi, rdv tôt dans la mâtiné pour être à NDDL vers 11h, cortège de 40 000 manifestants évoluant entre les champs au rythme des batucada. Les hélicos planent au-dessus de nos têtes mais pas l'ombre d'un keuf. La manif' ce termine par l'occupation massive de la clairière et en moins de cinq heures cette aprem' les militants auront débroussaillés, déchargés la dizaine d'énormes remorques attelées aux tracteurs de tout le matériel nécessaire pour ériger pas moins de 7 nouvelles cabanes, les travaux dureront la semaine mais des ce soir des copains iront y dormir. Quelle puissante dynamique peut-elle souder tout ces sympathisants et les faire lutter et reconstruire coudes à coudes? Quel élan de solidarité peut-il aujourd'hui rassembler black blocs radicaux, familles et paysans autour de cette lutte? La magie du collectif opère ici un majestueux salut au franchissement des barricades que notre boîte crânienne monte d'elle même, beaucoup de préjugés à dents durs tel des murs tomberons aujourd'hui pour former de gigantesques ponts.


Une des nouvelles cabanes (celle des copains)

S'en suivent quatre jours à attendre sur les barricades. Quatre jours à attendre les keufs. Quatre jours à améliorer nos barricades, à armer les troupes en boucliers, lance-pierres, coktails en tout genre, tas de caillasses. Quatre jours à tendre du barbelé, à réfléchir aux stratégies de combats, à ce lever à 5h du mat' et ce coucher tard. Sans la moindre trace de combats. Tout les soirs nous nous couchons le ventre noué en s'attendant à des affrontements, l’irritation ce fait vive, la tension monte de jours en jours. Le jeudi une soirée est organisée au cabaret. Ce soir là on ce détend en ce disant que le week-end approchant les porcs ne nous attaquerons pas, on boit, on chante, on ce couche bourrés.

Les keufs en approche.

Un tas de merdes sur une route.
Vendredi, 7h, je me réveille à la hâte réveillé par un pote, les flics sont sur le chantier. Nous nous levons, prenons le stricte minimum en abandonnant nos tente sur le terrain. S'en suivront 3 jours d'émeutes ininterrompues. A l'assaut du Rosier qui est cerné par les keufs, nous nous faisons les victimes des toutes premières exactions policières du week-end, le maalox coule sur nos yeux, le citron imbibe nos écharpes, foulards, cagoules. Le sérum phy' dans les poches, nos masques à gaz, lunettes de plongé et gants sortent enfin. Les attaques de keufs et contre-attaques de blacks blocs ce multiplient jusqu'au chantier ou les flics sont entrain de voler le matos de construction afin de figer les avancés des travaux. Les combats sont violents, sous les pluies de gaz lacrymogènes les copains tombent. Mon fameux binhommes de la journée ce fait choper alors que notre tactiques (à lui et moi) était un mélange d'avancées violentes extincteurs de peintures ou d'huile moteur à la main et de jets d'a peu près tout ce qui nous tombe sous les mains. Il tombe sous les pas des flics qui le tabasseront sévèrement sous mes yeux. Je le retrouverais le lendemain le bras luxer, bander et le corps douloureux. Je suis medic team et toute l'aprem je n'aurais de cesse d'aller et venir entre les militants tombés sous les grenades à percussions, les pieds ouverts par des éclats de bombes.

Brochettes de certains individus dénués de réflection attendant bêtement les ordres.
 Des tirs tendus au flash-ball parsèment les corps d'énormes bleus les rendant automatiquement inaptes au combat. Je vivrai même un moment de pur stress en recevant une lacrymo droit à l'intérieur de ma veste, sans grande douleur à part le torses brûlant. Les regards ce figent, je soigne un camarade touché au front par une lacrymo, quand ces yeux ce remettent à y voir je lirais à l'intérieur un message d'une telle force de reconnaissance que les larmes m'en viennent, à travers nos masques, sous l'acides de notre sueur mêlée à celle de l'air, les regards portent haut et fort le bruit de la solidarité. Rassemblées toutes et tous sur l'autel de la violence,les combats ce font longs, très longs, le sang froid et de rigueur. Le soir nous nous chargeons moi et quelques-uns de fournir des vivres aux occupants de la foret. Ce soir moi et J. dormons dans un sleeping de fortune avec nos camarades pour rempiler à la première heures le lendemain. Aujourd’hui les combats ont lieux en forêt de rohanne principalement, nous sommes samedi et nombreux sont les camarades qui arrivent de tout les coins d'Europe. La fraternité bas sont pleins. Certains viennent avec des plats dans de grandes gamelles pour nous nourrir à deux pas du front. D'autres avec de l'armement.

 Ce qui à tôt fait de faire paniqué les pigs qui sous notre pression psychologique permanente nous arroserons de nouveau toute la journée de leur armes infectes. Cela dit, nous sommes si nombreux, si mobiles, si réactifs qui n'en finiront plus. Nous renvoyons leur lacrymo, tentons des percés stressantes isolants certains flics dans la paniques, des camarades n'auront de cesse de nous remplir les poches de munitions et toutes la journées nous les tenons en joues. Gueulant comme des loups, hurlants notre colère à chaque confrontation, j'en oublie la violentes douleurs qui me détruit le talon d'achille depuis bientôt une semaine. La rage. La rage dans nos coeurs la colère dans nos yeux, si puissante et notre haine. Haine de ces porcs en uniformes. Haine de ce système qui nous oppresse. Aujourd'hui nous sommes la légion libéré des apatrides sans foi ni loi, seul la combativité compte, filles et garçons réunis pierres dans la main. J'assiste à un évènement historique, historique.


Nombreuses sont les images qui me reviennent en tête et qu'il me faut encore digérer. Je n'ai pas fini d'écrire à ce sujet. Je termine aujourd'hui la dessus. Je me remet à la documentation. Ce soir j'assite à la réunion du comité de soutiens à la zad ici à Bordeaux.

Dans mon ventre mes entrailles sont encore nouées. J'ai mal à l'esprit. Je bouillonne, ce qu'il est entrain de ce produire en ce moment la-bas est un combat d'une géneration, une percée légendaire dans nos coeurs déchirés. Il existe bien aujourd'hui dans cette marre putride qu'est la france, un lieu ou toute les alternatives prennent corps, ou le radicalisme prend corps avec le quotidien, une zone à défendre à reconstruire au rythme de nos espoirs, battant la haine du désespoir. Haut les coeurs. Le combat est loin d'être fini. Le combat. Le combat. Le combat...


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