Spectateur patient, je fond devant les "honnêtes gens ". Chacun suit son courant. Et au-dessus des regards échangés ce tiens parfois un soupçon de beauté d'âme.
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Poisson, ne te laisse pas berner, comme pêcher pour combattre la quiétude des années, passe au travers du filet.
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Un repas frugale, un coins ou ce nicher, de la froideur de la nuit recouvert; le soleil réapparaîtra.
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Et comme au chemin du calvaire, ton courant tu suivras.
Le premier jour fut assez cool comparé à ce qui suit. A peu près 65 bornes attaquées sous la pluie, par la route; dépucelage de mon trip à vélo pour ainsi dire. Petite pause au bar du coins en attendant, bière, bière, bière, joins, bière avec en prime un coup offert par la patronne pour une courses insignifiante. Le soir arrivée chez A. la mère de C., accueil chaleureux, des légumes chauds et de la soupe; une douche même. Bonne nuit passée sur le sofa.
Le deuxième jour. Réveil à 7 heures direction Agen. Route un peu difficile mais exaltante, je laisse de côté le matos de pluie et j'avance doucement. En milieu d'aprèm je me pose boire une bière dans un joli petit bled paumé. Arrivé le soir à Agen, je rencontre deux mecs sur les bords du canal, ils sont sympas et m'indiquent un endroit ou dormir. Je vais voir et la c'est juste affreux, je suis incapable de dormir la.
Je remonte la pente, achète des bières et me trace au bord du canal pour tenter de retrouver mes deux zygotos, mais personne n'est la. Je mange, bois, fume, fait une petit toilette et me sent pousser des ailes; je reprend le vélo et j'avance. Coup du sort -il n'a pas de hasard- je retrouve les deux gars. On discute, je leur montre ma réalité, eux la leurs, monotone frustrante. Je me montre, je m'en tape, je suis entier, sans vergogne, je déconstruit. On ce quitte sur des sourires et des "t'es sur que ça va aller", que j'acquiesce. Plus loin, je cherche au feeling un endroit ou dormir, plus j'avance et moins ça me plait, encore plus loin, au détour d'un pont, je trouve un minuscule saule pleureur. Il est la. Moi aussi. Je m'y niche, chirurgicalement, j'installe mon bivouac; je dormirais comme un loir vers 21h, une voix familière au téléphone, je fume et je sombre. Réveil aux aurores sous le regard effaré d'une passante.
Troisième jour. Il fait grand beau mais j'avance avec peine. Le "vent d'autan" souffle comme jamais, des rafales à 100 km/h en moyenne, pleine face, il m'affronte, je m'affronte. Route longue et difficile, ponctuée de pause. Je me bat sur plus de kilomètres que prévu. Un bon repas à Moissac, dernier bled avant Montech, ou je capitulerais en m'endormant dans une torpeur enfantine. J'arrive sur place, me cherche un endroit ou ma caler, boire une bière tranquille, fumer, manger, lire et dormir. Entre le dessous d'une scène fébrile recouverte d'herbe grasse et un entrepôt qui semble désaffecté mon choix est vite fait. Une fois dans l'entrepôt je découvre un stock de matériel médical antédiluvien; chaise roulante, chaise à caca et fleur en plastique... rien ne manque. Je m'installe un petit squat sur un matelas en plastique, caché par des grandes planches blanche, je me sent comme un kerouac doublé d'un bukowski, triplé de rien, car je ne suis rien, et vous non-plus. S'en suit une des nuits les plus affreuse de mon existence, comme si le vent souhaitait me faire mourir dans une léthargie horrifique. Mon corps n'est que douleurs, mon esprit s'érode doucement. Un de ces jours à écouter du doom en ce saoulant allègrement de mauvais whisky dans une lande déserte. Les bruits des feuilles mortes sur le sol, des planches qui frappent le sol sans rythme, des froissements, des grattements de matière, mon âme divague et dès que je m'endors j'entend un vélo. Bruit de pédales qui tournent, passements de vitesses, cliquetis mécaniques; Qui passe, repasse, me frôle, m'agace. Plus les chauds, les froids, les douleurs de gorge. Toute la nuit trésaute, dès que le mouvement autour de moi ce fait plus intense je me réveil. Au dessus de moi les ombres des arbres danses machinalement. Quand l'idée me viens de manger une de ces énormes pommes golden que j'ai acheté hier dans une épicerie sur la route. Je mange, je croque cette pomme comme si elle était tout ce qu'il y'avait d'important à cet instant. Le jus sucré rassure, j'en oublis le démon et fini par trouver un semblant de sommeil. Je me ferais réveillé par ce foutu vent, qui ne désemplit pas. Les services de la mairie me découvre au saut du lit, Tout étonnés, me laisse partir tranquillement.
Quatrième jour. Réveil douloureux. Nuit affreuse. Je reprend la route, roule une vingtaine de kilomètres, la gueule au même vent qui m'a causé tant de soucis hier. Je n'en peut plus, mes nerfs me laches, la simple idée de me retrouver dans un endroit SANS VENT me réjouis. Je capitule et empreinte un train pour finir le chemin. Arrivée chez C., je me douche, je dort un peu. Enfin ma première "étape" ce termine. Il y'a quelque chose pour les routards je crois.
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